Le drame du gruyère râpé...
Comment on fait du gruyère ? On prend une vache, on la trait, on prend le lait, on le fait chauffer, on le tourne mais attention, toujours dans le même sens, puis on le met dans un moule et quelques mois après ça fait un gruyère.
Et comment on fait du gruyère râpé ? C’est facile. Tu prends une vache, tu la coupes en fines lamelles, tu la trais…
Tellement facile de dire des conneries. Tellement facile de faire en sorte que certains prennent ça au sérieux… le propre de l’éducation d’hier et d’aujourd’hui : pouvoir dire des conneries en gardant son sérieux pour impressionner l’auditoire. Tant que la mine est figée, le regard droit dirigé dans un unique but, l’impression que la pensée suit une droite ligne est là… surtout dans le cerveau de celui qui a arrêté de réfléchir depuis longtemps.
Comme c’est pratique d’avoir quelqu’un qui réfléchit pour soi. Quelqu’un qui vous dit ce qui est bien ou mal. Un curé, un dieu, un animateur télé ou un politicien… même combat. Le but de tous est de prendre place entre les deux oreilles de chacun et de faire stagner leurs paroles pour qu’elles deviennent conscience.
Répète, répète, répète… et les cons vont finir par croire ce qui est dit. Et si je vous répète mille fois qu’il faut couper une vache en fines lamelles avant de la traire, vous allez finir par le croire. Pas besoin de faire le test, pas besoin de preuves. Et pour ceux qui ne me croient pas ? Je ferai venir un gars en blouse blanche, vous savez un de ces piètres comédiens payés une misère pour dire “huuumm, qu’elle est bonne cette soupe en boite réchauffée au micro-ondes”... ce qui coûtera le plus cher ? Lui payer une blouse blanche… et il répétera sans que j’ai besoin de le convaincre ce pour quoi je l’ai payé :
“Coupe ta vache en lamelles avant de la traire si tu veux faire du gruyère râpé.”
Les cons seront présents. Et le nombre de vaches va rapidement décliner… le nombre de gruyère râpé aussi d’ailleurs… quand il n’y aura plus aucune vache, il sera temps de se poser quelques questions. Mais tant que le gruyère râpé hantera nos supermarchés, aucune raison de remettre en cause mes affirmations.
Il est possible de continuer le débat ? Bien sûr ! Le jour où il n’y aura plus aucune vache, les questions que le monde se posera seront les suivantes :
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Peut-être fallait-il couper les vaches dans l’autre sens ?
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Peut-être y avait-il une heure précise ou une direction à faire respecter par la vache lors de la découpe ?
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Toutes les vaches étaient-elles capables de faire du gruyère râpé ? Certaines étaient-elles faites pour donner de la feta et donc devaient être noyées dans leur propre lait une fois trait ?
Les réponses tourneraient sûrement autour d’un problème de couleur de peau, de croyances de l'abatteur, de la mauvaise gestion des ressources… dénoncée par les gros mangeurs de gruyère !
“Comment avoir pu laisser une ressource aussi importante entre les mains de gens si incompétents !”
La Ligue Révolutionnaire des Pizzaïolos se formerait, les fours à bois serviraient à immoler les mauvais gestionnaires, et les fours à gaz à détruire les derniers gruyères produits en bloc sans aucune compassion pour les fans de gruyère râpé !
Le monde serait à feu et à sang !
Le gruyère de brebis serait proposé mais dénigré car trop riche en goût… mais surtout trop cher ! La brebis étant incapable de se tenir tranquille lors de la découpe, du matériel et des hommes supplémentaires seraient nécessaires pour industrialiser la production.
Impensable ! Les fonds de pension américains menaceraient rapidement de retirer leurs billes et d’investir dans l’eau solide en bouteille si la production de gruyère à base de vaches découpées ne reprenaient pas rapidement.
Et l’Amicale du Jambon Gruyère attaquerait de front la LRP (la Ligue Révolutionnaire des Pizzaïolos, pour ceux qui ne suivent rien…).
“C’est de votre faute si le jambon est maintenant tout nu ! Seul face à la baguette qui l’entoure de toute part, il se tait, perd sa saveur et son teint rose… la dépression le guette…”.
“Ah, il est pourtant facile de remplacer le gruyère par du beurre” répondrait la LRP pour minimiser les propos de l’AJG (je dois aussi ré expliquer ça ?...).
“Parce que le gruyère râpé et la fondu c’est la même chose ?” serait la réponse tonitruante de l’AJG.
Dans son coin, Babybel se frotterait les mains… lui qui aurait trouvé le moyen de traire des vaches en plastique rouge…
Son innovation allait sauver le royaume de la pizza, l’univers du jambon gruyère… le monde regarderait d’un regard impatient l’industrialisation de ce fromage capable d’arrêter les guerres et de satisfaire les fonds de pensions américains…
Après quelques dégustations, les opinions seraient unanimes : le fromage rouge n’a aucun goût, sa pâte est molle et sans tenue… mais, trop tard, les champs ne contiendraient plus que des vaches rouges.
Espérons que personne n’aura l’idée, un jour, de remettre un doigt dans l’engrenage et de vouloir inventer le Babybel râpé...
Faim
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