LIBRE COURS A L'ENCRE NOIRE

Le Chini : ou l'aventure dont il faut se remettre ! Quatrième jour.

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4ème jour : 21/10/14, port de Tréguier.

 

A  l'aube de cette  nouvelle journée, la fatigue et l’usure s’affichent sur tous les visages. Bien que déçus de ne pouvoir naviguer pendant une journée entière, les mouvements des "équipiers" s’accordent pour confirmer que le voyage n’aurait pas été possible sans une coupure... une belle et grosse coupure.

Olivier s’absente toute la matinée. Christophe continue son éternelle étude des cartes. Elodie reste encore et toujours allongée dans sa cabine... à croire que la position verticale lui est impossible plus de dix minutes d’affilée. Vincent erre sur le ponton, regarde le vent dessiner ses ondes sur l’eau. La tempête souffle et personne ne regrette de ne pas avoir à affronter ces éléments en mer.

Midi se passe. Olivier rentre pour manger. Après une matinée de réflexion, voyant un plat banal de pâtes chauffer, Vincent largue les amarres sans annoncer sa fuite… il quitte le bateau, le ponton, les rues environnantes et marche longuement dans la ville et ses alentours. Sa balade durera plus de 4 heures. Une vingtaine de kilomètres seront parcourus. Vincent entre dans toutes les librairies qu’il croise. Ces endroits magiques, carrefours du rêve et de la réflexion, lui changent les idées. Il débusque au détour d’une ruelle un magasin de livres d’occasion. Deux étages remplis de cette odeur caractéristique des pages jaunies. Il y trouvera une version illustrée datant du début du XXe siècle du livre qui avait bouleversé la fin de son adolescence, Les Fleurs du mal. Impossible de l’acheter, Vincent a trop peur de l'abîmer… il n’existe aucun endroit sec et sûr sur le bateau. La thématique principale de cette semaine de navigation s’impose une nouvelle fois : la possibilité de grandiose qui se transforme en frustration.

Le hasard fera ensuite s’arrêter Vincent devant le journal Ouest France. En première page, l’annonce du décès d’un plongeur. L’appel à la VHF lui revient en tête. L’homme est donc parti faire de l’apnée, seul. Au bout de trois heures, ne le voyant pas revenir, sa femme a donné l’alerte. Le corps du plongeur sera retrouvé facilement, attaché à la ligne qui lui servait de guide pour descendre vers les profondeurs. La mer est un fantastique terrain de jeu qu’il faut appréhender avec respect et humilité.

Vincent marche, s’éloigne… et se dit rapidement qu’il aurait pu le matin même prendre son sac et faire les 14 kms qui le séparent de sa voiture. Toute cette histoire serait ainsi finie, mais sonnerait comme un échec. Il réfléchit. Le principal problème est le manque de sommeil. Cette fatigue quotidienne rend tous les rapports humains plus compliqués. Puis vient la solution. Son téléphone dans une main, il fouille sa sacoche mais ne trouve pas l’objet qui pourrait détourner son attention des bruits nocturnes nocifs. Il a malheureusement oublié de le prendre pour cette aventure. Il continue de marcher et voit au détour d’un rond point un panneau annonçant un supermarché à moins d’un kilomètre. Il décide de s’y rendre et achète une paire d’écouteurs. L’objet qui, une fois enfoncé dans ses oreilles, lui permettra de ne plus entendre les ronflements de ses “coéquipiers” et de se laisser distraire par un métal violent teinté de black et de death. L’idée est simple mais géniale. Vincent repart rassuré, ragaillardi. Il sait qu’il va pouvoir dormir correctement la nuit prochaine. La musique sauvera son voyage !

Il se dirige vers la ville mais ne veut pas rentrer avant que le soleil ne soit bas dans le ciel. Il s’arrête dans un café plutôt bien tenu et s’assied au bar. Une bière face à lui, il lit le journal, écoute les conversations, fait quelques sudokus. Le temps passe lentement. La première bière se vide, la seconde aussi. La troisième servira d’encouragement pour rejoindre la troupe de marins d’eau douce qui l’attend sur le bateau. Il reprend finalement sa marche et avance sans se presser. Les derniers mètres sur le ponton sont faits à pas lents.

L’esprit oxygéné par cette balade, la soirée se passe correctement. Vincent fait une petite partie de cartes avec Elodie. Olivier lit un magazine de voile et le chef de bord continue de travailler sur ses cartes, ses hauteurs d’eau et ses prévisions météo.

 

4ème nuit : du 21/10/14 au 22/10/14, port de Tréguier.

 

Personne ne ronfle ! Vincent pose ses écouteurs sur le côté de sa couchette et passe une nuit correcte, reposante, annonciatrice d’une bonne journée à venir.

 

A suivre...

 

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08/11/2014
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