Le Chini : ou l'aventure dont il faut se remettre ! Sixième et dernier jour.
6ème jour : 23/10/14, port de Pléneuf-Val-André.
Dernière journée du périple… et quelle journée ! Contre toute attente, elle sera riche en émotions et très intéressante.
Vincent est sur le pont, il profite du soleil et d’une mer calme. Le vent souffle assez pour imprimer au bateau un rythme agréable. Elodie a enfin le droit de s'entraîner au maniement de cette fameuse barre franche. Les bords s'enchaînent. Manœuvrer est un vrai bonheur. Un sourire sur les lèvres de la demoiselle se dessine pour la première fois depuis le départ, pour la première fois depuis six jours ! Finalement oui, elle sait sourire. Plutôt rassurant quand on l’imagine dans un quotidien routinier parisien… Comme à son habitude, Christophe reste dans le carré à étudier ses cartes. Et, comble de bonheur, Olivier est fatigué et ne sort pas. Il tente de se reposer sur sa couchette. Sans aller jusqu’à se réjouir de la maladie d’un “équipier”, ses discours et ses initiatives ne manquent à personne. Le mutin est enfin fatigué !
Un vent de folie souffle sur les flots et atteint le chef de bord… il ose lancer le spi. Vent arrière, le bateau n’est plus qu’un frêle esquif tracté par un impressionnant cerf-volant. Cette voile fait toujours forte impression. Sa taille... la difficulté de son maniement... Voilà qui comble une journée de navigation. Mais ce n’est pas tout ! La touche finale ? Car oui, il y a encore mieux ! Cette fameuse écluse, premier obstacle qu’il avait fallu passer en tout début de voyage. Cette écluse où le Chini avait fait un superbe demi-tour absolument pas maîtrisé il y a quatre jours… cette écluse que tous appréhendent... cette écluse est totalement ouverte. L’entrée au port se fait donc en toute tranquillité, sans attente ni manœuvre délicate. Le bateau comme ses occupants sont heureux de retrouver le port de Paimpol. Le voyage touche à sa fin. Une dernière nuit à bord, le temps de ranger, de nettoyer, de faire l’inventaire, et les moments difficiles ne seront plus que des souvenirs qu’il faudra exorciser pour qu’ils ne gâchent pas cette passion de la voile qui anime Elodie, Christophe, Olivier et Vincent. Ce dernier a choisi une méthode simple, naturelle, simplement évidente : faire de ces moments difficiles une histoire, toute simple, sans mort, sans psychopathe (ou presque...), mais avec des bons humains comme on ne les aime pas ! Des humains qui sont capables par leurs seules manières de vivre de vous dégoûter de tout. Comme Nietzsche est capable de faire vaciller chacune de vos certitudes, Christophe a été un maître de bord capable de vous faire détester la voile. Olivier est quand à lui un humain qui ne supporte pas que l’on puisse vivre à ses côtés sans qu’il ne soit le centre du système. Et quand il ne parvient pas à capter l’attention par ses coups d’éclat, il l’attire à lui grâce à un égoïsme qu’il projette volontairement au visage des gens qui l’entourent. Pour finir, Elodie est peut-être la seule à plaindre dans cette histoire. Plus dépressive que volontairement invivable, il lui a été difficile de se faire une place dans ce panier de crabes déjà trop petit pour abriter le conflit chef de bord versus Olivier “le mutin”. Quelle méthode ont choisit les trois autres pour exorciser ces moments ? Je n’en sais rien. Bizarrement, aucune adresse ne sera échangée à l’issue du voyage… personne ne fit semblant de vouloir garder le contact.
Vincent a exorcisé cette expérience. Il cherche maintenant deux coéquipiers pour naviguer de temps en temps, en toute coopération, pour travailler et entretenir sa passion de la voile.
Un bateau n’est pas une coque couverte de cordages avec deux draps pendus au mat pour le faire avancer… un bateau, c’est une liberté, c’est la sensation de se déplacer au gré de la nature. Hisser une voile est une sensation tout à fait particulière. Sentir le vent se piéger dans un foc et tirer le bateau pour le faire avancer face à lui. Subir les assauts des risées... les voir venir et les anticiper, choquer pour contrôler la gîte et finalement sourire de réussir à maîtriser cette coque capable de vous emmener très, très loin… gratuitement, à la seule force du vent, des bras et de la tête.
Homme libre, toujours tu chériras la mer… a écrit il y a longtemps un vieil ami...
FIN
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