LIBRE COURS A L'ENCRE NOIRE

Le bonneteau pour les nuls

 

 

Un samedi matin en milieu de matinée, un père avait succombé aux sollicitations de son fils et s’était assis sur son tapis de jeu pour y partager quelques instants. Faire rouler des voitures ou jongler avec des jouets simulant un chantier étaient des jeux très amusants pour un enfant de trois ans… jusqu’à ce que le hasard veuille que le père entre en possession de trois cônes de signalisation en plastique. Deux étaient grands et oranges. Un troisième était plus petit et blanc. Le père s’occupa donc les mains avec ces trois éléments. Il les lança, les fit rouler, les cacha dans le dos… ce qui amusait beaucoup son fils. Soudain, le père eut une idée. Il tenta de dissimuler le petit cône blanc sous l’un des deux grands cônes oranges. Et cela fonctionna très bien. Un grand cône orange pouvait être posé normalement sur le sol tout en dissimulant parfaitement sous lui le petit cône blanc. Le père interpella alors son fils :

- Tu connais le jeu du bonneteau ?

- Non…

- Regarde, je dissimule ce cône blanc sous ce cône orange. Je place à côté ce deuxième cône orange qui lui ne dissimule rien. Je mélange les deux cônes oranges quelques instants puis tu dois me dire sous quel cône orange se trouve le cône blanc. Tu as compris ?

- Mmmm, répondit le fils.

Le père fit quelques manipulations de ce nouveau jeu pour que son fils comprenne bien.

- Il est où le blanc, demandait le père ?

- Là, répondait le fils en pointant le doigt.

Après quatre ou cinq tentatives… après avoir expliqué plusieurs fois qu’il fallait se concentrer sur le cône orange dissimulant le cône blanc et ne pas le quitter des yeux… le fils eut naturellement envie de jouer le rôle du manipulateur. Ainsi fut fait. De ses petites mains maladroites, le fils faisait bouger les cônes. Cela l’amusait beaucoup. Ne voulant pas que ce nouveau jeu ne devienne lassant trop vite, le père se laissait volontairement duper par des gestes lents et quelques peu gauches.

- Y est où le blanc, demandait le fils ?

- Là, répondait le père en pointant le doigt.

Soudain, les mouvements du fils s’arrêtèrent. Une idée venait de lui traverser l’esprit. Ses yeux se mirent à chercher sur le tapis de jeu. Puis, tout heureux, il se dirigea vers un deuxième petit cône blanc qui traînait dans un coin. Lançant à son père un regard voulant dire “je viens de trouver comment améliorer le jeu que tu as inventé”, le fils cacha un petit cône blanc sous chacun des deux cônes oranges, mélangea le tout et dit :

- Y sont où les blancs* ?

 

FIN




* la phrase réellement prononcée était : “ Y sont où les deux ?”

 

 

 



24/05/2014
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