Je n’aime pas le mot “révolution”, je n’aime pas tourner en rond
La colère grondait depuis maintenant des mois. Des revenus insuffisants. Un travail dur avec peu de repos. L’impossibilité de profiter des courts temps de distraction à cause du manque d’argent.
Il fallait frapper un grand coup ! Les représentants furent obligés, après plusieurs tentatives de négociation avec l’Etat, d’appeler leur base à la grève. Peu de temps fut nécessaire pour convaincre la totalité des travailleurs concernés. Chacun n’avait qu’une envie : en découdre avec les dirigeants qui refusaient de se remettre en question, d’affronter les grandes multinationales et préféraient laisser les petites gens encaisser les réductions de salaire et l’augmentation de la pénibilité du travail.
“Mes chers amis, mes biens chers travailleurs, il est maintenant temps de se lever pour s’opposer au poids qui, à force de peser sur nos épaules, enfonce ce qu’il nous reste de dignité dans un sol boueux. L’heure n’est plus aux petites actions sporadiques incapables de faire éclore des solutions durables. Il faut s’attaquer aux bonnes personnes. Bloquer une autoroute, un port, un aéroport… faire brûler des pneus, lancer des oeufs sur des policiers… tout ceci est inutile… pour une unique raison : ces actions ne s’attaquent pas aux bonnes personnes ! Empêcher des travailleurs de travailler n’a jamais aidé qui que ce soit. Cela ne fait que fragiliser un peu plus l’économie, créer de nouvelles difficultés dans les entreprises... ce qui donne de nouveaux arguments aux patrons pour licencier encore plus et charger de nouvelles tâches les travailleurs qui ont la chance de garder leur emploi.
Nous devons nous attaquer à ceux qui dirigent, à ceux qui prennent les décisions. A tous ces hommes et ces femmes qui se disent nos élus et qui ne font qu’échanger des dialogues théâtraux dans des parlements et des commissions. Tous ces gens censés nous représenter encaissent de forts salaires pour jouer un jeu. Ils payent avec l’argent de l’Etat, avec notre argent, leur femme, leurs enfants, leurs amis embauchés dans des cabinets et des commissions qui ne servent à rien.
Tous ces élus n’ont que trop profité du système. Ils vivent sur notre dos sans souffrir alors que nous avons du mal à nourrir nos enfants.
C’est à eux qu’il faut s’attaquer ! Ce sont eux qu’il faut bloquer !
Nous devons, cette nuit, nous mobiliser pour bloquer l’Elysée, pour bloquer Matignon, pour bloquer le Parlement et le Sénat. Vous pouvez être sûr que si le Président et le Premier Ministre ne voient pas arriver leurs croissants chauds demain au réveil, ils mettront tout en branle pour s’occuper de nos problèmes. Nous devons aussi bloquer la bourse ! Cet endroit où la vie des travailleurs du monde est jouée sur des tables de poker par des ordinateurs.
Y a-t-il des risques ? Bien sûr ! L'armée sera rapidement appelée. Il y aura des blessés, peut-être des morts. Nous devons faire une action forte mais pacifiste. Aucun de nous ne donnera le premier coup, mais il ne va pas falloir reculer face aux grenades lacrymogènes, face aux coups de matraque. Nous avons des masques à gaz, de grosses quantités qui vont être distribués. Nous avons des gilets par balle, des casques. Un arsenal pour nous protéger est disponible… mais aucune arme d’attaque. Nous devons bloquer, occuper chaque mètre carré de ces instituions. Nous devons chanter, danser, hurler notre bonheur d’avoir le courage de nous attaquer aux vrais coupables de la situation dramatique dans laquelle nous sommes.
Je vous le répète : il y aura des morts dans nos rangs, c’est une certitude. Je serai en première ligne, mourir pour mes idées ne me fait pas peur. Le gouvernement ne pourra pas démissionner, nous ne devons pas lui laisser l’occasion de récupérer notre mouvement à l’aide de phrases toutes faites. Tous ces élus inutiles seront cloisonnés à leur domicile jusqu’à ce qu’ils acceptent de remettre en cause les fondements même de nos institutions. Ils doivent comprendre que nous en avons assez de nourrir des fainéants qui se moquent du monde. Ils doivent comprendre que les discours n’ont jamais rassasié personne.
Tous ces élus retrouveront leur liberté une fois qu’ils auront accepté d’être jugé par un tribunal libre et impartial.
L’économie n’a pas besoin de lois pour fonctionner. Elle a besoin de bonnes volontés, d’idées, mais surtout de morale et du respect de l’être humain. Une nouvelle constitution doit être écrite : elle doit remettre l’homme et son bien être au coeur de toutes les décisions. L’accumulation d’argent de manière déraisonnable doit être interdite, la suprématie et la domination des autres doit être combattus. Pour ce faire, c’est une nouvelle morale qu’il faut déployer, une nouvelle éducation loin des idées matérialistes de l’économie actuelle. Posséder est inutile pour être heureux. Nous devons ouvrir les yeux à chacun de nos concitoyens… en priorité à ceux qui osent vouloir nous diriger ! Ils sont les premiers à vouloir le pouvoir, l’argent, la célébrité… alors que tout ceci ne sert à rien !
Le bonheur a juste besoin d’espace pour s'étendre, de temps pour s’épanouir, et d’une volonté farouche de liberté dans les coeurs.
Mes amis, ce soir certains d’entre nous vont mourir. Nous devons être pacifistes, montrer l’exemple de ce que sont des hommes déterminés à faire plier les incapables qui nous dirigent.
C’est avec joie que je vous souhaite bonne chance à tous, allons défier les forts pour le bonheur des faibles !”
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