LIBRE COURS A L'ENCRE NOIRE

Howahkan (acte 1, part 7)... fin du premier acte...

 

 

Howahkan avait poussé le corps de Glen dans ses derniers retranchements pour pouvoir fuir le village. Il ne pouvait plus plier le genou droit. La peau tombait en lambeaux suite aux assauts combinés des frottements contre le monde et de la putréfaction.

Il avait tué cette nuit. Il avait ôté la vie d’une manière tout à fait originale qui donnerait à réfléchir aux habitants du village. Il ne fallait pas aller trop vite. Il fallait laisser le doute s’installer. Il fallait que tous les êtres vivants confrontés à cette déferlante de haine aient le temps de cogiter et d’alimenter leur imagination. L’esprit du plus puissant des chamans aurait pu réduire en cendres le village d’un seul regard. Il aurait pu rayer de la vallée toute forme de vie d’un seul battement de cil. Là n’était pas le but. Mourir sans souffrir est une chance. C’est un don que fait la vie aux personnes qui le méritent. Les pires morts sont celles qui viennent lentement, qui laissent travailler les cerveaux, qui laissent planer le doute quant à l’arrêt des souffrances. L’homme qui réfléchit en face de la mort se construit lui-même une partie des instruments de torture qui seront utilisés sur son corps et son esprit.

Caché cette nuit là dans son anfractuosité, Howahkan avait une tâche démoniaque à accomplir. Descendre dans le village pour tuer n’était qu’une mince affaire comparée à ce qu’il se devait de réaliser avant que le jour ne se lève. Son esprit déjà puissant se fortifiait à chaque sortie. A chaque manipulation du corps de Glen. A chaque mort. A chaque confrontation avec le monde des vivants. Lorsqu’il avait changé en pierre le descendant d’un des meurtriers de ses ancêtres, il avait senti une force venue du ciel le pénétrer. Une chaleur avait parcouru son esprit jusqu’à lui donner le contrôle des couleurs, des parfums. Jusqu’à lui offrir la maîtrise du chaud et du froid. Le monde autour de sa pensée semblait lui appartenir. Il voyait les forces électriques et atomiques. Les électrons passaient à vitesse réduite devant lui tandis que les protons et les neutrons faisaient étalage de leur force dans la lutte que la matière vivait à chaque instant. Il pouvait maintenant contrôler bien au-delà des éléments de cette vallée proche. Il se sentait capable d’envoyer son énergie à des distances phénoménales sans qu’un moyen physique ou psychique ne puisse l’arrêter. Confiant, il se devait d’essayer de réaliser le rêve de tout esprit qui se veut le plus puissant.

Terré dans la montagne, Howahkan fit le vide dans son esprit.

Sa récente libération. Les morts des deux nuits précédentes. La folie naissante dans le village. Tout devait être mis de côté pour ne laisser qu’une seule volonté faire son chemin. L’idée doit évoluer et se réaliser. Le corps de Glen fut presque libéré de son emprise maléfique le temps d’une minute. Un léger rayon de lumière se faufila hors de l’anfractuosité. Puis c’est une couche de glace qui prit forme un mètre autour de la cachette. Le corps de Glen sursauta, se cogna contre la roche et perdit une oreille suite au choc. Tout ce qu’il restait des muscles du sauveteur fut tendu à l'extrême. Un coude se déboîta et des côtes volèrent en morceaux.

Enfin le calme revint. Howahkan était de retour dans son trou. Fier de lui, il était sûr d’avoir réussi là où tous ses semblables avaient échoué. La réponse viendrait rapidement. Il ne pouvait exprimer de sourire mais son esprit jubilait. La pire crainte de tout mortel allait se produire dans quelques heures. Le pire cataclysme imaginable aurait lieu au petit matin. Ses ancêtres avaient souffert. La vengeance d’Howahkan serait mille fois plus terrible.

 

A suivre...

 

 

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01/05/2014
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