COP21
11 décembre 2015. Fin de la COP21.
Les peuples sont en fête. L’annonce des accords signés par tous les gouvernements du monde offre une bouffée d’air pure à 6 milliards d’êtres humains.
En ce vendredi soir, chacun se prépare à un weekend d’allégresse, de joie et de festivités.
Les nuits seront courtes. Il ne sera pas nécessaire, lundi prochain, d’être en forme pour affronter une dure semaine de travail. Le temps s’arrête maintenant. Le présent devient la norme, le passé un vaste roman qu’il faut oublier et le futur une inutilité déprimante.
L’alcool sera fort et sans modération. Tous les cocktails seront testés, sans aucune limite. Plus que des mélanges, c’est toute la poésie de la défonce alcoolique qu’il faut maintenant explorer. Comme les poètes et les vrais artistes, la vérité et la force de supporter ou d’oublier résident dans ces breuvages aux couleurs variées et aux goûts se fortifiant au fur et à mesure de l’avancement de la nuit. Les cerveaux ne seront plus les esclaves d’idéologies mais de molécules capables de rendre beau le hideux et fier le faible.
Les bureaux de tabac ont été dévalisés dès le début de l’après-midi. Les patchs sont jetés, les cigarettes électroniques laissées pour déchargées au fond des poches. Les anciens fumeurs reprennent fièrement leur vice… les non-fumeurs ont enfin la possibilité de tester ce poison diabolique qui les tente depuis toujours ! Et ils en redemandent. Sans honte, expirant la fumée chargée de produits toxiques vers le ciel, participant un peu plus à l’impulsion donnée par la fin de la COP21. Les cigarettes s’offrent dans la rue, plus aucune gène à demander la mort, plus aucun complexe à offrir cette tige à cinquante centimes l’unité. Les gorges sont goudronnées et les poumons noircis, à la santé des dirigeants du monde.
La nourriture grasse est de sortie. Le cochon n’est plus tabou et ne donne plus le cancer. Les frites ne sont plus égouttées une fois sortie de leur utérus électrique. L’huile de palme va être consommée sans limite. Tous les produits marqués d’un sigle de prévention quittent les étalages des magasins par caddy entiers. Quoi de meilleur qu’une saucisse dégoulinante de graisse plongée dans un pot de Nutella de 3 kgs ? Les fruits et les légumes sont piétinés sous les bousculades indispensables pour accéder au rayon des surgelés.
Le sexe est maintenant débridé… sans la coupure pub qui sonne la fin des préliminaires et le début des choses profondément sérieuses : le préservatif vient de mourir, et toutes les peurs qui lui étaient associées. Il est enfin possible de coucher avec le collègue de travail qui faisait fantasmer depuis des années. Internet perd instantanément la majeure partie de ses utilisateurs enfin heureux de pouvoir assouvir leurs besoins bestiales facilement, juste en sortant de chez eux, sans avoir à se cacher.
Saouls, une cigarette encore allumée à leurs côtés, un homme et une femme qui ne se connaissaient pas il y a encore quelques minutes se livrent à des ébats acrobatiques entre le rayon des pizzas surgelés et celui des gâteaux et pâtes à tartiner. Leur bonheur fait plaisir à voir. Chaque spectateur crie à la liberté et au bonheur enfin exploitable.
Les supermarchés ne fermeront pas. Les hordes affluent et dévalisent. Il n’est plus nécessaire de payer. Les caissières et les patrons sont partis les premiers, un saucisson et un jambon fumé sous un bras, une bouteille de whisky et un grand cru sous l’autre, en direction du bureau de tabac le plus proche.
La radio n’a pas été eteinte. Elle diffuse encore dans les rayons quelques musiques entrecoupées de déclarations journalistiques. Des puristes qui ne veulent pas profiter du carpe diem général ? Non… avant de fuir faire la fête, le dernier bulletin d’information a été enregistré. Il est diffusé toutes les 30 minutes :
“Mesdames et Messieurs, bonjour. Nous sommes le 11 décembre 2015, il est 15h, voici vos informations. COP21 : le sommet de la dernière chance vient de se terminer. Aucun accord satisfaisant n’a été signé entre les 150 pays représentés. La Russie et la Chine ont même plaidés pour une augmentation des quotas sur les rejets de CO2 dans l’atmosphère. Le Canada, le Brésil et les Etats-Unis ont immédiatement répliqués qu’ils allaient eux aussi augmenter leurs rejets pour ne pas perdre la course à la production de masse. Avant le début de ce sommet baptisé “sommet de la dernière chance pour l’humanité”, les scientifiques prévoyaient des catastrophes majeures pour 2050 au plus tard. Les annonces des principaux pollueurs de la planète viennent de mettre un coup d’arrêt à tous les espoirs de la communauté scientifique. Des catastrophes majeures se produiront dans la décennie à venir.”
FIN !
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