LIBRE COURS A L'ENCRE NOIRE

Mars : un espoir terrien (Première partie)

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        J’ai peur d’être aujourd’hui le dernier représentant de l’espèce humaine. Dans approximativement une heure, je mourrai à mon tour. Cela ne fait aucun doute. J’ai décidé d’utiliser le temps qu’il me reste pour rédiger mon histoire. Ou plutôt... l’histoire des dernières années de l’humanité. Comme un point final pour l’homme moderne.

        Je souhaite de tout mon cœur me tromper. J’aimerais qu’un jour un de mes semblables puisse lire ces quelques lignes… comme une mise en garde.

 

        J’étais pourtant volontaire pour cette mission…

        Il était question d’une aventure humaine et symbolique.

        Il était question d’un projet pour souder autour d’une vision commune toutes les bonnes volontés du monde.

 

        La misère, les inégalités, les guerres et les famines ont poussé la race humaine vers le repli identitaire.

        La justice se réclame dans le sang quand les miettes des plus riches ne suffisent plus à nourrir les plus pauvres…

 

        Le premier acte de la descente aux enfers fut baptisé la “tragédie japonaise”.

        Un tremblement de terre. Des raz-de-marée. Des défaillances nucléaires en chaîne. L’irresponsabilité humaine. Les détails sont sordides et sans intérêt. L’île devint en quelques jours un no man’s land sous la bénédiction de l’indifférence générale. Les consciences sortirent marquées de ce drame : la technologie est dangereuse, l’entraide internationale ne peut surpasser la peur.

 

        Le deuxième acte fut le soulèvement des populations exploitées.

        Il n’était plus admissible de travailler dix-huit heures par jour et d’avoir faim vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

        Deux clans s’opposèrent : la Chine, l’Amérique du Nord, l’Australie et l’Europe étaient les exploitants mais n’assumaient pas ce rôle. L’Afrique, l’Inde et l’Amérique du sud étaient les exploités conscients de leur statut.

        Les émeutes furent d’abord réprimées dans le sang par les gouvernements locaux. Puis, les monceaux de cadavres jonchant le sol aidant les foules à s’élever de plus en plus haut, des guerres civiles se déclenchèrent. Le peuple, fort de la justesse de son combat, gagna des batailles face aux armées gouvernementales corrompues. Chaque victoire décuplait les espoirs et renforçait les convictions. Ces millions d’hommes et de femmes avides de liberté, d’égalité, de plaisir, de dimanche, de respect et d'opulence firent peur aux pays développés.

        Le fort a besoin de faibles pour garder son rang. Le seul désir de croissance du petit met en danger l’existence même du grand.

        Une des victimes collatérale fut la station spatiale internationale. Son existence et son entretien étaient le résultat d’accords mondiaux que plus personne ne voulait honorer. Les financements autres que pour l’armée étaient à éliminer. Son abandon ne fut pas voté, il découla de l’absence de crédits alloués par les pays participants. Une fois les derniers spationautes revenus sur terre, la station continua de tourner autour de la terre, vide.

        Les peuples avancèrent. Les gouvernements tombèrent les uns après les autres. En Afrique d’abord où des génocides eurent lieu. Puis en Inde et en Amérique du Sud où des purges gigantesques furent perpétrées.

        L’économie mondiale souffrait de tous ces maux. Les bourses étaient à l’arrêt. Le manque de pétrole réduisait à son strict minimum les échanges commerciaux. La récession et le chômage augmentaient en même temps que la puissance des armées.

        Mais tout ceci n’était que le début...

 

        Le troisième acte fut l’utilisation à grande échelle de l’armement nucléaire.

        Ce qui fut appelé à l’époque “Le Pire” se produisit lorsque l’Inde décida de proclamer son autarcie économique à la suite d’élections libres ayant vu la victoire d’un parti de travailleurs. Cette décision fut suivie d’un tollé international. L’Inde dut s’appuyer sur un geste fort et irréversible pour obtenir le respect du clan des “pays exploitants” : une pluie nucléaire ravagea l’Australie. Personne ne s’y attendait. Personne ne put réagir. L’île continent fut rayée de la carte en une seconde. Plus de 22 millions d’êtres humains furent brûlés vifs. Leurs corps vaporisés par ce déchaînement de haine.

        Le pire se produisit alors.

        L’Amérique du Nord, la Chine et l’Europe prirent peur. En vingt-quatre heures seulement une décision irréversible fut prise : la destruction nucléaire de toutes les populations “à risque”. Quelques heures après ce pacte entre “pays exploitants”, des milliers d’ogives nucléaires ornèrent le ciel…         La fission de centaines de tonnes d’uranium et de plutonium coûta la vie en quelques minutes à 2,7 milliards d’êtres humains. L’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Inde n’étaient plus que des étendues de terre sans vie. La contamination nucléaire annihila tout espoir de reconstruction avant des siècles.

        La peur prit place dans le cœur de chaque être humain.         Les exploiteurs n’étaient plus sereins. Quelle était la valeur d’une vie ? Une poignée d’hommes venait de condamner à mort et d'exécuter la moitié de la population mondiale… La mort par le feu. La mort lâche. La mort sans assassin. Le nombre inimaginable de décès garantissant l’anonymat de chaque victime !

        Les alliés d’un jour devinrent les ennemis de demain. Une guerre froide débuta entre les trois grands survivants du monde. Chacun se replia sur lui-même, investissant sans limite dans l’armement nucléaire.

 

A suivre...

 

 

 



15/01/2014
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